Bali la magique

Aaah Bali. Après trois semaines, je reste sous le charme. Tellement que nous avons choisi d'y retourner pour clôturer notre voyage, après notre escapade de deux semaines sur l'île de Flores et un petit détour par Java.
Les paysages ont continué à nous enchanter tout au long de notre périple balinais. Après le nord, nous avons découvert pendant une semaine la région d'Ubud, beaucoup plus touristique. Nous avons toutefois trouvé une magnifique campagne de rizières au vert tendre ponctuée de rivières, de gorges et de morceaux de jungle. Keliki, où nous avons posé nos sacs pendant une semaine, était une jolie halte au coeur de la vie traditionnelle balinaise.



En chemin vers la villa Markisa, que nous voulions faire découvrir à Tina, Luna, Joke, Vigo et Tallulah, nous sommes descendus dans la caldeira du mont Batur où une intense averse nous a littéralement détrempés. Avant de reprendre la route, nous avons tout de même été gratifiés par de magnifiques vues sur le volcan.




De là, nous avons fait une randonnée vers les magnifiques et gigantesques cascades de Sekumpul et Fidji. Des cascades au creux d'une gorge profonde, enserrées dans une jungle généreuse et luxuriante. Puissance de l'eau, encore. S'approcher, sentir la force du vent, être détrempés en quelques secondes. Vivifiant. Et puis, se baigner et passer sous l'une de ces cascades. Expérience incroyable.


Amed et sa plage de sable noir, dominée par le majestueux volcan Agung et bordée de collines verdoyantes nous a également enchantés.




De même que la très belle région montagneuse de Sidemen, elle aussi, dominée par le mont Agung.



Beaucoup de personnes voyageant à Bali semblent subir le syndrome de Paris, causé par le décalage entre ce qu'ils imaginaient de Bali et le choc de la réalité. Ces touristes idéalisent Bali avant leur voyage et puis se rendent compte que finalement, ce n'est pas le paradis perdu tant attendu.
Certes, Bali n'est plus la même que ce qu'elle devait être il y a 10 ou 15 ans. Nous avons eu l'occasion d'en discuter avec plusieurs Balinais. Tout va vite, trop vite. La circulation dans le sud de l'île est devenue infernale - l'infrastructure routière n'est pas du tout adaptée à recevoir ce parc automobile qui s'est fortement développé ces dernières années. Il y a encore 20 ans, il n'y avait pas de route asphaltée pour aller dans le nord, notamment à Amed. Un chauffeur d'Amed, village de pêcheurs au nord-est de l'île nous racontait qu'à cette époque, il n'y avait pas besoin d'argent pour vivre, les gens vivaient de ce que leur donnait la terre et troquaient ce dont ils avaient besoin. Il y avait bien quelques scooters dans le village mais chacun n'en possédait pas. Il était clairement nostalgique de cette époque, loin de l'agitation du monde.
Bali, c'est aussi le haut lieu du tourisme Instagram. Spots photos payants, des portes du paradis s'ouvrant sur le mont Agung avec une surface d'eau créée artificiellement pour la photo grâce à un miroir, en passant par la balançoire au-dessus des rizières ou encore les nids d'aigle ou autre plateforme défiant l'imagination, il existe des tours organisés des spots instagrammables de Bali. Les gens y font la queue pour faire LA photo parfaite, avec la pause parfaite. Mise en scène. Nous avons soigneusement évité ces lieux mais nous en avons tout de même trouvé au hasard de nos pérégrinations. Enchainement des poses, photos en cascades. Ne surtout pas gâcher la photo. Vite, sortir du cadre.
Un des effets néfastes du surtourisme, c'est que le touriste est parfois vu comme un porte-feuille sur pattes. On l'a éprouvé, à la sortie d'un temple, où des femmes nous ont littéralement poursuivis jusqu'à se coller contre la vitre de la voiture pour tenter de nous vendre des sarongs, bracelets ou autres bijoux. Et j'ai craqué, j'ai acheté deux sarongs, deux! Le touriste est parfois amené par les chauffeurs de taxi dans des lieux où il sait qu'il recevra une commission si le touriste achète quelque chose. Une fois mais pas deux.
Passer au-delà. Laisser la magie opérer. Prendre son temps. Se laisser conquérir par les sourires des Balinais. Ecouter leurs histoires et découvrir leurs traditions. Se perdre dans le nord du pays. Se laisser toucher par les magnifiques paysages et la puissance de cette terre. Sentir le sacré, omniprésent. Dans les éléments, dans les volcans, dans la nature généreuse. Dans les traditions et le bâti. Car oui, Bali m'est apparue comme une terre sacrée. Elle est d'ailleurs appelée l'île des dieux.
Temples et offrandes
Bali possède une quantité impressionnante de lieux de culte. Peu importe où notre regard se pose, on verra à coup sûr, un temple, un autel ou encore une offrande. Temples du village, temples du banjar (communauté au sein du village), temples familiaux, temples de la rizière, temples familiaux au sein de la maison balinaise. Autels d'une parcelle de rizière, autels perdu dans la foret, autels à l'entrée d'une maison. Arbres et statues sacrés revêtus d'un sarong à carreaux noirs et blancs. Construits en pierre noire, ces lieux sont empreints de sérénité et d'une puissante et douce énergie.





Les offrandes aux esprits, posées à même le sol devant les maisons, sur un autel, sur une statue, sur la plage participent à la magie. Partout, les douces volutes de l'encens embaument l'atmosphère.








A chaque détour de chemin, on rencontrera une personne vêtue de ses vêtements de cérémonie - sarong pour tous, chemises et udeng (turban portés sur la tête) blancs pour les hommes et hauts en dentelles blanches pour les femmes. Car à tout moment, sur l'île, se déroule une cérémonie - fête d'un temple, pleine lune, nouvelle lune, mariage, crémation (les personnes revêtent alors des habits de cérémonie aux couleurs foncées). Durant notre séjour, il y avait une grande cérémonie dans les deux temples mères (Batur et Agung) qui a duré durant une vingtaine de jours. Tous les Balinais s'y rendent à leur tour, provoquant beaucoup de circulation sur la route passant devant le temple. Nous avons eu la chance de visiter par hasard le temple du Batur pendant la cérémonie. Nous avons également croisées de nombreuses cérémonies de mariage mais aussi de crémation (nous y avons même été invités) qui contrairement à ce que l'on pourrait croire, ne revêtent pas du caractère triste que cela représente pour nous. A Amed, dans la rue, nous avons vu le bûcher, entendu le gamelan funèbre et vu la procession se rendre sur la plage pour la dispersion des cendres dans la mer.



L'hindouisme balinais est fortement teinté d'animisme aux racines très anciennes, cultes aux esprits et à la nature. Chaque chose est habitée par un ou plusieurs esprits à qui les Balinais rendent quotidiennement hommage en leur accordant des offrandes. Leur rôle est de maintenir l'équilibre entre les forces démoniaques et les forces divines. Ces croyances ancestrales ont été parfaitement intégrées aux concepts religieux de l'hindouisme, arrivé autour du 13ème siècle. Par exemple, le culte des ancêtres s’accorde très bien avec la théorie hindoue de la réincarnation.
Dieu est Un puisqu’il est multiple. Il se manifeste donc sous différentes formes. Les principaux dieux sont Brahma, le dieu de la création, Vishnou, le dieu de la providence et Shiva le dieu de la dissolution. Ces trois dieux forment la Trimurti et symbolisent le processus sans fin de naissance, d’équilibre et de destruction. L’homme est également assujetti à ce processus. Il naît, vit puis se réincarne jusqu’à parvenir à l’achèvement, la libération ultime.
Curiosité des prénoms
Wayan, Putu, Kadek, Nyoman, Gede, ... nous en avons rencontré de nombreux. A Bali, peu importe son sexe, chaque enfant reçoit à la naissance un prénom selon la place qu'il occupe dans la fratrie. Ainsi, les aînés s'appelleront Wayan ou Putu (selon la caste de la famille), les seconds seront nommés Kadek ou Gede, les troisièmes Nyoman et le quatrième Ketut. Et s'il y a plus de 4 enfants? On recommence! Un autre nom est donné par les parents lors de la cérémonie des trois mois du bébé, un nom qui sera en rapport avec un trait de caractère ou physique ou bien sur une qualité que les parents espèrent de lui. Jusqu'en 2022, les Balinais n'avaient pas de noms de famille. Le gouvernement exige maintenant qu'un même patronyme soit choisi pour toute la famille. Il a tout de même fallu restreindre la liberté car certains s'étaient choisis des noms à superlatifs à ralonge comme "le plus fort et le plus beau".
Une page se tourne
Bali fut aussi synonyme de retrouvailles familiales. Nous avons passé 18 jours très, très chouettes avec Tina, Joke, Luna, Vigo et Tallulah. Une nouvelle page de notre voyage s'est tournée lorsqu'ils nos chemins se sont séparés, vers la Belgique pour eux tandis que, de nôtre côté, nous sommes envolés vers l'île de Florès. Nous n'avons pas pu nous empêcher de nous dire que bientôt, nous serons également dans l'avion du retour.