Boloven's loop

Une boucle bouclée un peu trop rapidement - la boucle de Takhek. Rythme rapide, trop rapide. Goût de trop peu. Décidément, c'est récurent au Laos! Changer d'hôtel chaque jour est aussi fatigant et ne permet pas de s'approprier un lieu.
Nous décidons donc de prendre plus de temps pour effectuer la boucle des Bolovens. Nous sommes cependant tenus par la date de retour du pickup. Nous choisissons de passer 3 nuits à Tadlo, une petite localité sympa posée le long d'une agréable rivière, à la plus grande joie des enfants. La Palamei guesthouse où nous posons nos valises est tenue par une famille lao et par Bénédicte, une belge qui y fait du volontariat depuis plusieurs années. Le soir, les repas y sont préparés ensemble et partagés autour d'une grande table. Cerise sur le gâteau, nous y avons fait la connaissance d'une famille française en vacances. Au programme, baignade à la rivière avec plein d'enfants du coin, jeux avec Nina et Delia, visite d'une magnifique plantation de café sur la Mystic mountain, un peu d'école, repas matin et midi chez mamapap, une petite dame très touchante qui prépare de délicieuses crêpes aux bananes, partie de foot endiablée pour les garçons avec des enfants du village.







Après ces trois jours rafraichissants, nous prenons la direction d'un petit village Katu où nous logeons chez Somephone. Immersion dans la vie rurale, la vraie! Nous y passons 24 heures mais y serions bien restés une semaine tant l'ambiance y est familiale et chaleureuse. Somphone et sa femme Dak, très accueillants, sont tous les deux originaires de ce village animistes aux traditions encore bien ancrées. Le repas est préparé ensemble - enfants, adultes, voyageurs, volontaires, villageois. Certains enfants du village - une petite dizaine - semblent particulièrement aimer le lieu, ils y ont passé toute la journée et soirée sans aucun parents en vue. Somphone et Dak les accueillent, les font participer et les nourrissent. Le soir, l'ambiance est à la fête, les enfants dansent et chantent devant le petit écran d'un téléphone. Nos enfants les rejoignent et chacun à son tour propose une chanson. Sourires et fous rires.









Le lendemain, Somphone nous fait découvrir la campagne autour de son village lors d'une sortie en tracteur typique d'ici, à la plus grande joie d'Augustin. Il nous fait visiter des plantations de manioc et de café. Cultiver le manioc serait plus rentable que le café mais nécessite de nettoyer le terrain de tous les arbres présents, la culture nécessitant de brûler le sol. On observe effectivement qu'un champ de manioc est très sec et aride alors qu'un champ de café permet une plus grande biodiversité. Une partie du manioc cultivé sert à fabriquer du biocarburant. Nous rendons aussi visite à l'homme médecine du coin qui soigne les gens avec des plantes médicinales. Il habite une cabane à l'écart du village et aurait soigné une dizaine d'hommes d'un cancer des testicules. L'homme, l'ancêtre même, dégage une douce bonté.
Somphone nous raconte également certaines traditions de son village, notamment la peur des arc-en-ciels ou le fait que les enfants fument très tôt, dès trois ans. Certains parents pousseraient même leurs enfants à fumer afin de faire perdurer ces traditions, d'une part pour ne pas faire défaut à la culture animiste mais aussi pour qu'un certain tourisme puisse continuer. Nous n'avons pas vu d'enfants fumer chez Somphone car lui n'est plus d'accord avec ces traditions - son père a refusé qu'il fume tout comme il le refuse pour ses enfants. Il est d'ailleurs devenu chrétien mais il semble qu'une autre homestay dans le village favorise la poursuite ces pratiques et de tourisme.
Ici, le temps semble s'être arrêté. Ici, le temps s'écoule lentement. Et pourtant, il est déjà temps de partir. Encore un goût de trop peu.






