Sud de la Thaïlande, entre tourisme de masse et trésors préservés

Le sud de la Thaïlande est une région que nous avions hésité à visiter. Nous avions peur de ne trouver que des lieux abimés par le tourisme de masse. Y passer nous permettait cependant de nous rendre en Malaisie par voie terrestre. Et puis, nous n'avions pas envie de regretter de ne pas y avoir jeté un petit coup d'oeil alors qu'on était si proches de cette région à la mer turquoise et aux eaux poissonneuse.

Non, le sud de la Thaïlande n'est pas que tourisme de masse. Oui, il est possible d'y trouver des petites pépites hors des sentiers battus. Cependant, passer du nord au sud n'est pas si facile, comme un petit choc culturel. Ici, le touriste est parfois un portefeuille ambulant et les contacts avec les locaux coulent moins de source. En un peu plus de deux semaines, nous sommes passés de déceptions à vrais coups de cœur et c'est avec un petit pincement au cœur que nous quittons la Thaïlande.

Voici une petite rétrospective de ces deux dernières semaines.

Après une matinée de train, un passage éclair par Bangkok et le Décathlon (!) pour nous équiper en masques et tubas, et enfin une nouvelle nuit passée dans un train de nuit où nous n'aurons pas beaucoup dormi, nous voici arrivés dans le sud de la Thaïlande.

Première destination, le parc national de Khao Sok, un endroit couvert de pitons rocheux calcaire et d'une très ancienne forêt tropicale primaire (160 millions d'années !) abritant une incroyable biodiversité. Au sein du parc, entouré de jungle, se trouve l' immense lac artificiel, le Cheow Larn.

Le village de Khao Sok où nous passons la première nuit est entouré d'une végétation luxuriante. On y découvre la chaleur très moite et, en fin de journée, notre première pluie tropicale, épais rideau chaud aux énormes gouttes. Après cette longue averse, les grenouilles s'en donnent à cœur joie et leur chant emplit tout l'espace sonore, mêlé à d'autres bruits de la jungle. Une fantastique cacophonie.

La seule façon de visiter le cœur du parc avec son lac est de s'inscrire pour une excursion guidée. Nous avons opté pour un tour en bateau sur le lac avec trek dans la jungle, observation des animaux et nuit dans des bungalows flottants.

Malheureusement, l'expérience n'aura pas été à la hauteur de ce que nous attendions. Il faut dire que ces excursions ne sont pas données pour une famille nombreuse, le budget était donc au-dessus de notre budget quotidien habituel. De ce fait, nous avions sans doute de grandes attentes. Entre le trajet jusqu'au cœur du parc qui s'est étiré en longueur car il a fallu aller chercher les gens dans leurs hôtels respectifs, parfois situés loin de la route, l'attente du guide et son étonnement de trouver un vraiment grand groupe (there is 5 people more) et ensuite l'attente d'un bateau et puis d'un deuxième bateau qui n'arrivait pas, nous nous mettons finalement en route sur le lac à midi alors que nous étions partis à 9h.

Arrivés aux bungalows flottants, nous trouvons un endroit au calme relatif, un peu trop peuplé pour un bout du monde - des groupes y viennent juste y passer la journée. Une après-midi qui s'étire en longueur avec baignade dans le lac aux eaux vraiment trop chaudes, et enfin départ pour le trek en fin d'après-midi, petit tour d'une heure dans la jungle, sympa mais fort court. Tout comme la visite de la grotte et la recherche - en bateau - d'animaux à observer. Celle-ci est infructueuse et nous rentrons aux bungalows - l'endroit est calme après le départ des groupes à la journée - où nous devrons attendre le retour de l'autre bateau, qui eux, auront eu droit à un tour bien plus long, à la recherche des éléphants. Le lendemain à l'aube, re-petit tour en bateau à la recherche d'animaux - on y verra singes et calao, temps libre où nous profiterons des kayaks grâce auxquels, libres et autonomes, nous pourrons chercher et observer d'autres animaux. Ensuite, commence le long retour et ses interminables attentes. Bref, vous l'aurez compris, cette excursion n'aura été quasiment été qu'attente et frustration.

L'endroit est certes vraiment magnifique mais je ne suis pas certaine que je l'aurais fait si j'avais imaginé le nombre de visiteurs et les conditions dans lesquelles ces tours sont organisés. Je me pose la question de la pollution sonore et gazeuse engendrée par cette intense circulation de longtail boats dont les moteurs fument bien noirs alors que la zone est une réserve protégée.

Nous pouvons en tout cas en tirer une leçon : clairement, les tours organisés, ce n'est pas pour nous.

Après cette déception, une nouvelle expédition et une excellente surprise. Nous nous rendons aux îles Surin qui font également partie d'un parc national marin.
Secret bien gardé, nous trouvons deux îles quasiment désertes - les seuls habitants sont une communauté mochens, des anciens gitans de la mer qui ont établi leur village sur une des plages de l'île. Ici, pas de voiture, pas de resort ou autre hôtel mais juste des tentes et quelques bungalows gérés par le parc national. L'île n'est que nature en grand : une jungle préservée, des plages de sable blanc, une mer turquoise, de magnifiques coraux (mais aussi malheureusement des coraux morts et blanchis) et des poissons aux mille couleurs. Lors de nos sorties snorkeling, nous avons l'impression de plonger dans un fabuleux aquarium. On profite de ce monde de silence reposant et déconnectant.

Notre étape suivante nous emmène dans la région de Krabi où nous avons pris un rendez-vous chez le dentiste pour Félix qui s'est cassé une dent au début du voyage en mangeant... un chokotoff. Le dentiste m'annonce qu'il va falloir enlever la dent... Mais que nous pouvons attendre. Ouf, je préfère ne pas précipiter cette décision et en discuter avec notre dentiste à notre retour.

Nous consacrons le reste de notre journée à une balade dans la jungle, sortie au pas de course car notre taxi, qui nous attend à l'entrée du parc national, nous a donné deux heures moyennant money money. Ici, ça grimpe sec... Le sentier où s'entremêlent les racines est très escarpé et disparaît dans une forêt dense. L'humidité de l'air frôle les 100%, nous n'avons pas pris assez d'eau, nos t-shirts sont détrempés lorsque nous arrivons à la cascade où nous espérions une baignade rafraîchissante. Les deux heures imparties sont quasiment écoulées. Tant pis, nous y allons quand même, nous ne pouvons pas résister! L'eau est fraîche et délicieuse, nous y serions bien restés plus longtemps. Redescendus sur le parking avec une demi heure de retard, nous retrouvons notre chauffeuse qui nous a heureusement attendus.

De retour à la petite villa que nous avons louée, nous retrouvons Tina qui nous rejoint pour quelques jours et nous passons la fin de la journée au bord de la piscine.

Le lendemain, nous partons à la découverte de la baie de Phra Nang et de la Railay beach, accessible uniquement par la plage. C'est magnifique mais c'est tout de même difficile de profiter du lieu car l'endroit est noir de monde. Nous serons venus, nous aurons vu, nous serons repartis. Nous entreprenons tout de même une grimpette pour atteindre un point de vue sur la baie; sacrée escalade qui m'aura donné quelques sueurs, au sens propre comme au figuré.

Le lendemain matin, nous ne sommes pas mécontents de quitter Krabi, trop peuplée de touristes à notre goût. Nous rejoignons un petit port d'embarquement pour des ferrys locaux en direction de Koh Phu, petite île préservée et paisible. Ici aussi, la vie s'écoule lentement. Une guesthouse tenue par des personnes charmantes et douces. Des bungalows sur la plage, des hamacs, des petits bars de plage en bois flotté, du reggae, très peu de monde, c'est peace, c'est love. On se prend pour des Robinsons. Nous y passons deux jours sur une plage éloignée de tout et regrettons de la quitter si vite.

Difficile de planifier un voyage sans connaître, sans savoir d'avance les endroits où l'on se sentira bien et ceux qu'on aura envie de fuir dès que nous y aurons mis un pied. Cela nécessite beaucoup de préparation , davantage que lorsque nous voyageons avec le camion. Il faut lire les guides, parcourir des blogs de voyageurs. Et encore, cela ne reflète pas toujours la réalite. Cela demande une plus grande anticipation et donc prend beaucoup de temps, plus que ce qu'on n'imagine pas avant de prendre la route.

Nous rejoignons ensuite Koh Lanta, île que nous aurons dû apprivoiser car, bien que préservée, venant de koh Phu, nous avons l'impression de débarquer dans un autre monde. Il n'est pas facile de s'y déplacer car, peu de taxis étant présents sur l'île, les prix sont surfaits. Nous ferons un tour dans le parc national en bout d'île, où nous avons la chance d'observer plusieurs animaux dont les semnopithèques obscures, singes très mignons reconnaissables à leurs taches blanches autour des yeux et de la bouche.

Nous choisissons finalement d'écourter notre séjour sur l'île car, outre la difficulté de s'y déplacer, il n'y a pas grand chose à faire si on n'est pas adeptes de passer la journée à la plage en plein soleil. Il existe une panoplie d'offres pour des excursions touristiques vers d'autres îles mais cela coûte vraiment très cher à 6. Tina reprend la route sur son vélo, direction Bangkok.

De notre côté, nous partons donc pour Koh Adang, île faisant partie du parc national de mu ko tarutao, tout au sud de la Thaïlande. Nos avons tellement apprécié notre petit séjour à mu ko Surin que nous réitérons l'expérience du camping sur île déserte. Même décor, montagne, jungle, mer turquoise. Même tentes mais matelas moins épais, chaleur plus intense, sol penché, les nuits auront été courtes. Levers du soleil en cadeau.

Les prix étant plus accessibles, nous embarquons pour une journée snorkeling. Maëlie, Noé et Mica sont comme des poissons dans l'eau. Moins férus, Félix et Augustin trouvent la journée un peu longue, surtout que le moteur de la barque fait un vacarme assourdissant. De mon côté, j'ai réussi à avoir le mal de mer lorsque la mer était un peu agitée le matin.

Après deux jours de Robinsonade, nous quittons la Thaïlande, une fois n'est pas coutume, par la mer. Direction le nord de la Malaisie, en passant par Langkawi, île tout au nord.